*40 ans 67* // Activestills
À l’issue de la guerre des Six-Jours, en 1967, Israël a triplé son territoire. La victoire est célébrée comme l’une des plus grandes dans l’histoire du pays. Israël la commémore chaque année par de grandes fêtes et le récit unique est celui de la grandeur et de l’héroïsme de l’État israélien. Est-ce vraiment une victoire ? Qui sont ceux qui en payent encore le prix ? Depuis cette date des colonies ne cessent de s’étendre sur les terres palestiniennes, dont les habitants sont expropriés. Des millions de gens vivent au quotidien l’emprisonnement, la répression, la dépossession, l’humiliation et le déni des droits les plus fondamentaux. Les conséquences de cette «victoire» ont généré cette situation : c’est un visage de la société israélienne ; c’est une image qu’elle refuse de voir.
En 2006, nous, membres d’Activestills, collectif de photographes, avons rassemblé des photos pour une exposition, au mois de mai 2007. Elle porte sur cette «victoire», telle qu’elle est perçue par le public israélien. L’exposition restitue la réalité de quatre villes occupées par Israël – Hébron, Jérusalem, Bethléem et Gaza – et propose un état des lieux après quarante ans d’occupation.
Le collectif Activestills a été créé en 2005 par plusieurs photographes, convaincus que les photographies peuvent aider à lutter contre l’occupation en montrant sa réalité. Son principe est que le travail en commun profiterait à tous et pourrait amener une plus grande visibilité. Le collectif est actif en Israël et en Palestine ; il se concentre sur la documentation politique et sociale: productions, publications et expositions de rue, sur des questions absentes du discours dicté par les médias dominants. L’usage de l’espace public comme plateforme pour présenter notre travail provient de notre désir de communiquer et de la volonté d’influencer la rue, là, où le pouvoir de transformer la société existe. De plus, le groupe rassemble des documents sur toutes les activités et protestations des différents mouvements et organisations en Israël et en Palestine, pour aider à la lutte contre l’occupation.
L’exposition, qui rassemble des travaux de photographes israéliens, palestiniens, et internationaux, est montrée dans différentes villes d’Israël et Palestine, ainsi qu’en Europe et aux États-Unis.
Merci à tous ceux qui nous ont aidé à exposer dans les rues.
Les photographes : Anne Paq // Keren Manor // Mohammed Abed // Nir Landau // Nayef Hashlamoun // Oren Ziv // Tess Scheflan // Wissam Nassar // Yotam Ronen
En 2006, nous, membres d’Activestills, collectif de photographes, avons rassemblé des photos pour une exposition, au mois de mai 2007. Elle porte sur cette «victoire», telle qu’elle est perçue par le public israélien. L’exposition restitue la réalité de quatre villes occupées par Israël – Hébron, Jérusalem, Bethléem et Gaza – et propose un état des lieux après quarante ans d’occupation.
Le collectif Activestills a été créé en 2005 par plusieurs photographes, convaincus que les photographies peuvent aider à lutter contre l’occupation en montrant sa réalité. Son principe est que le travail en commun profiterait à tous et pourrait amener une plus grande visibilité. Le collectif est actif en Israël et en Palestine ; il se concentre sur la documentation politique et sociale: productions, publications et expositions de rue, sur des questions absentes du discours dicté par les médias dominants. L’usage de l’espace public comme plateforme pour présenter notre travail provient de notre désir de communiquer et de la volonté d’influencer la rue, là, où le pouvoir de transformer la société existe. De plus, le groupe rassemble des documents sur toutes les activités et protestations des différents mouvements et organisations en Israël et en Palestine, pour aider à la lutte contre l’occupation.
L’exposition, qui rassemble des travaux de photographes israéliens, palestiniens, et internationaux, est montrée dans différentes villes d’Israël et Palestine, ainsi qu’en Europe et aux États-Unis.
Merci à tous ceux qui nous ont aidé à exposer dans les rues.
Les photographes : Anne Paq // Keren Manor // Mohammed Abed // Nir Landau // Nayef Hashlamoun // Oren Ziv // Tess Scheflan // Wissam Nassar // Yotam Ronen
expo photos Activestills + vidéo Regarde à vue jusqu'au 24 juillet
à SALAMATANE
vernissage, projection et débat le jeudi 14 juillet à 20h
*Jérusalem* // Expulsés
RépondreSupprimerLes démolitions de maisons à Jérusalem-Est sont devenues une scène rituelle.
Une maison sans permis de construire est condamnée à être démolie. L’armée
et la police y arrivent en grand nombre et l’entourent. Les représentants de
l’Ordre informent la famille qu’ils ont 15 minutes pour évacuer le lieu par
leurs propres moyens. La famille, qui réalise que son univers va s’écrouler,
demande à avoir plus de temps pour évacuer ses affaires. Sans succès. À ce
moment-là, l’entreprise ayant gagné l’appel d’offre lancé par la mairie pour
la démolition, est chargée de vider la maison. Lorsque les travailleurs ont
terminé, celle-ci est démolie, et une nouvelle famille se retrouve sans
logement.
Un Palestinien qui souhaite obtenir un permis de construire sur son terrain
à Jérusalem-Est est confronté à une tâche impossible. Après un parcours
épuisant de demandes de permis auprès de la mairie, qui coûtent des milliers
de shekels, il réalise qu’il est né du mauvais côté de «la ville unifiée».
Depuis l’annexion en 1967 de Jérusalem-Est par Israël, il n’y a eu presque
aucun nouveau plan d’urbanisme concernant les quartiers palestiniens.
Pourtant, la population a triplé. Les quelques plans qui existent ne
correspondent plus à la situation actuelle.
Dans le même temps, des dizaines de milliers de logements sont prévus et
construits pour la population juive sur des terrains confisqués aux
Palestiniens par l’État ou la mairie.
En limitant les espaces de vie des Palestiniens par une politique de
démolitions massives, par l’absence d’investissements dans les
infrastructures, l’éducation ou la santé, la mairie essaye de contraindre
les habitants palestiniens à quitter la ville.
*Bethléem* // Emmurés
RépondreSupprimerTous les jours, à partir de 5h du matin, des centaines de Palestiniens de
Bethléem et du sud de la Cisjordanie se pressent vers le Mur. Ils veulent
accéder à leurs lieux de travail situés à Jérusalem. Pour cela, ils doivent
« franchir le Mur » : après avoir fait une queue humiliante pour passer le
terminal, ils sont soumis à de nombreuses inspections – une procédure qui
peut durer des heures.
Depuis le début de la construction du Mur en 2002, la ville de Bethléem est
de plus en plus livrée à elle-même, presque coupée du monde :
» L’entrée sud est fermée par des barrages en béton qui bloquent la
circulation vers le sud de la Cisjordanie.
» À l’ouest, le Mur a créé différentes enclaves, en entourant les villages
alentours; les séparant de leurs terrains agricoles, il facilite les
expropriations.
» Au nord, le fait d’être coupés de Jérusalem est particulièrement pénible
pour les habitants de Bethléem. Située à seulement 15 kilomètres, Jérusalem
est devenue inaccessible aux résidents de Bethléem depuis le début de la
Seconde Intifada: un vaste terminal a été construit afin de contrôler les
flux de population et les permis de travail ne sont quasiment jamais
accordés.
La présence de la tombe de Rachel, située sur les territoires municipaux de
Bethléem a contribué à la détérioration de la situation : ce lieu de
pèlerinage, sacré pour les trois religions, a été transformé en synagogue et
n’est désormais accessible qu’aux Juifs. Tout ce quartier de Bethléem a été
endommagé par l’extension de la base militaire et par la construction de
murs entourant la tombe. Divers commerces et résidences ont été confisqués.
Le camp de réfugiés d’Aïda, proche de la tombe de Rachel, a été
particulièrement touché : le Mur a été bâti à quelques mètres de distance
des maisons et forme une prison dans laquelle les habitants étouffent.
*La bande de Gaza* // Otages
RépondreSupprimerIl semble que toute notion d’indépendance ait disparu de la bande de Gaza.
Le problème ne se résume pas seulement à l’absence de loi ou au blocus des
frontières. Elle a été abandonnée depuis longtemps aux mains d’acteurs
étrangers et locaux, et ceux qui tiennent Gaza en otage sont nombreux.
Tout est soumis au fait d’attendre et d’attendre encore. Le temps n’a plus
de sens. Parfois, il faut attendre l’ouverture des frontières pendant deux
semaines. Lorsqu’elles s’ouvrent finalement, seules, quelques personnes
peuvent sortir de cette immense prison.
Sur la côte, les milices se battent entre elles puis se retournent contre
les bandes de chômeurs et de travailleurs impayés.
Depuis le départ forcé des colons israéliens en 2005, la situation s’est en
fait détériorée :
Les voies aériennes, maritimes et terrestres sont strictement contrôlées.
L’armée israélienne se réserve le droit d’entrer dans la bande de Gaza à
tout instant. Lorsqu’elle le fait, les dommages et les pertes sont toujours
plus grands. Les « assassinats ciblés » de combattants sont récurrents : des
tirs de missiles tuent des civils sans discernement et terrorisent le reste
de la population. Depuis que les colons sont partis, l’armée déploie
également de nouveaux moyens pour intimider, pour punir les gazaouits et les
tenir sous le joug, comme les explosions produites par des avions dépassant
le mur du son.
Même si l’armée israélienne n’opère pas quotidiennement sur le terrain, le
spectre de l’occupation pèse en permanence sur tous les esprits à Gaza,
obligeant ses habitants à tout prévoir et organiser en fonction de cette
menace. Les gazaouits s’attendent à tout moment au retour des troupes
israéliennes.
Ainsi, selon les critères du droit international, et contrairement au dire
d’Israël, on peut considérer la bande de Gaza comme un territoire occupé.
*Ces images et ce texte nous ont été envoyés par des photographes gazaouits.
En tant qu’Israéliens, nous ne pouvons pas témoigner de la situation dans la
bande de Gaza : l’accès nous en est défendu. Les photographes palestiniens
ont, quant à eux, l’interdiction d’entrer en Israël. Nous nous sommes
rencontrés sur cette envie commune de retranscrire les faits malgré les
tentatives des médias et de l’État israélien de les camoufler.*
*Hébron* // Absents
RépondreSupprimer« L’un des colons était devant moi et me menaçait avec son couteau. Les deux
autres sont venus par derrière. J’ai senti deux coups de couteau : l’un à la
taille et l’autre, qui n’était pas profond, en haut de la cuisse du côté
gauche. Le colon qui était devant moi m’a poignardé au visage. Il a frappé
ma narine gauche, et le sang a commencé à couler. Les colons avaient une
vingtaine d’années. Les trois soldats n’ont pas essayé de les empêcher de
m’attaquer, ils ne leur ont même pas demandé de ne pas le faire. »
Tiré du témoignage de L-ad Sahab, 25 ans, marié et père de deux enfants,
Hébron.
Hébron est la ville où les premiers colons israéliens se sont installés
après 1967. La méthode de colonisation des territoires palestiniens
(expropriation, expulsion, construction, mise en place de dispositifs de
sécurité) n’y a pas seulement été inventée mais aussi institutionnalisée.
Les colons à Hébron sont parmi les plus extrémistes et les plus violents de
toute la Cisjordanie. Dans une atmosphère de western, les restrictions sur
les déplacements des Palestiniens sont des plus sévères.
Le couvre-feu permanent et l’interdiction totale de la circulation dans
certaines rues ont transformé la deuxième ville palestinienne de Cisjordanie
en un terrain d’injustices. Les droits y sont accordés selon la nationalité
; cela, au nom de la sécurité de 600 colons juifs qui rendent la vie
impossible aux 150 000 habitants palestiniens. Les photographies originales
témoignant d’une vie de quartier qui existait autrefois sont comparées aux
images prises dans les mêmes rues aujourd’hui : commerces désertés, portes
soudées et condamnées, graffitis racistes. L’abandon qui règne donne à
Hébron l’allure d’une ville-fantôme. La nature profonde du mouvement de
colonisation sioniste se révèle ainsi comme une force destructrice qui a
pour but d’écraser tout ce qui se trouve sur son chemin.